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Hommage à Dominique Amouroux

Actualité publiée le 20 mars 2024

L’historien de l’architecture Dominique Amouroux est mort mardi 19 mars 2024, à Annecy, après un combat de plusieurs mois contre la maladie. Jusqu’au bout, il est resté lucide, animé par le désir de faire aboutir les projets d’écriture qu’il avait entamés. Tous ceux qui l’ont connu savent son enthousiasme qui le poussait à aller toujours de l’avant. Ils sont surtout réunis par l’émotion d’avoir perdu un ami sensible, généreux et fidèle. Nos pensées affectueuses se tournent en particulier vers son épouse Mihoko qui a su l’accompagner jusqu’au bout.
Dominique Amouroux est né en 1949. Il suit une formation au centre Michelet (Institut d’Art et d’Archéologie de la Sorbonne) complétée par un passage à l’ICART en médiation de projet culturel. A 25 ans, il se lance avec deux autres auteurs dans un Guide d’architecture contemporaine en France1. Cet ouvrage, qui est aujourd’hui encore une référence, décide de l’orientation de sa vie professionnelle. Dès lors, il produit un grand nombre de livres et d’articles, participe à des colloques et anime des conférences. Travailleur infatigable, il acquiert une connaissance fine de l’architecture moderne du XXe siècle et l’importance de ses contributions n’est pas discutable. Se présentant à la fois comme critique d’architecture et historien, son engagement pour la modernité est total et, de son propre aveu, résolument militant. Dominique Amouroux pensait que l’expression architecturale pouvait agir sur nos sociétés. Il aimait débattre et dénoncer tout ce qui lui paraissait ressortir d’un effet de style ou d’une agitation prétentieuse. Par dessus tout, il rejetait toutes les tentatives pseudo-régionalistes, y décelant le symptôme d’un appauvrissement culturel. Son intense activité éditoriale s’ancre pendant un temps en Pays de Loire. Il y côtoie les CAUE et commence avec ce réseau un partenariat qui durera plus de trente ans. Des changements dans sa vie personnelle l’amènent à s’installer à Annecy en septembre 2015. Il est alors fasciné par les architectures qui jalonnent les Alpes du Nord, en Suisse, Italie, Autriche… Il met sa plume au service des CAUE d’Auvergne-Rhône-Alpes et contribue à de nombreuses monographies et expositions. Il garde un attrait pour l’ensemble des disciplines artistiques. Ainsi, il assure pendant quelques années la direction de la Fondation Marta Pan & André Wogenscky, et écrit un livre remarquable consacré à Pierre Soulages2.
Dominique Amouroux était passionné, exigeant sur le sens des commandes qui lui étaient faites. Il reconnaissait sa chance de pouvoir vivre (difficilement) de ses recherches et de sa plume dans un domaine aussi étroit que l’architecture. Il nous laisse un corpus particulièrement important alors que l’architecture du XXe siècle est devenue progressivement un élément de patrimoine. En ce sens, il était un pionnier.
Pour le CAUE de Haute-Savoie, Arnaud Dutheil


1
D. Amouroux, M. Crettol, J.P. Monnet, Architecture d’Aujourd’hui, groupe l’Expansion éd. Paris, 1972

2 Pierre Soulages, de Conques à Rodez, Dominique Amouroux, Hisao Suzuki (photographies), Jean-Michel Place éditeur, mai 2023

 

Bibliographie expresse :
Dominique Amouroux était historien de l’architecture du XXe siècle, critique d’architecture et commissaire d’expositions. Il est publié par les Éditions du Patrimoine (Marcel Breuer, André Wogenscky, La villa Savoye), les Nouvelles Éditions Jean-Michel Place (Musée Soulages à Rodez, La maison-atelier de Marta Pan et André Wogenscky), InFolio (Le livre de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Nantes, puis, Rocheteau-Saillard architectes), Imago (Pierre Prunet, héritage et création, puis, Georges Pappas, trois architectures pour l’Anjou) et le CAUE de l’Ain (Traversées, Marc & Pierre Dosse, puis, Pierre Pinsard architectures sacrées et profanes avec Franck Delorme, puis, Jean-Vincent Berlottier Convictions-Architectures et ouvrages d’art 1967-2008).

Pour le CAUE de Haute-Savoie, dans la collection Portrait, il est l’auteur d’André Wogenscky et Louis Miquel à Annecy, de Jean-Louis Chanéac – formes rêvées, formes concrètes, et un des auteurs de Albert Laprade et les Alpes – entre pittoresque et modernité. Il a également assuré le commissariat de l’exposition Franchir la berge. Il a accompagné l’Union régionale des CAUE Auvergne-Rhône-Alpes dans le développement de l’observatoire des interventions effectuées au XXIe siècle sur les édifices du XXe siècle : archi20-21.

Le CAUE de l’Ain a réalisé des interviews filmées de Dominique en début d’année dernière, les montages sont disponibles en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=k22JrFCZoM0

Photo : inauguration de l’exposition « Franchir la berge » au CAUE Rhône Métropole, novembre 2019 ©Florent Perroud