Les haras d'Annecy inscrit aux Monuments Historiques - Annecy
Lorsqu’à la fin du XVIIe siècle, Colbert confie à des « gardes-étalonniers » des « étalons royaux », il préfigure la constitution des haras nationaux. La mise en place des Haras royaux confirmeront l’importance de la production chevaline pour la nation particulièrement soulignée par deux établissements: le Haras du Pin et celui de Pompadour. Survivants à la période révolutionnaire, les Haras voient un développement important sous Napoléon 1er. Annecy est un des trente dépôts créés en 1806. Il passe au royaume de Sardaigne de 1815 à 1860 et est maintenu à Annecy lors du rattachement de la Savoie à la France. Décidé en 1874, le transfert de l’ancien couvent des dominicains vers le site actuel n’est réalisé qu’en 1882. A proximité des champs, les Haras se trouvaient proches des principales institutions : Préfecture (1864), gendarmerie nationale, prisons, lycée de garçons (1888, aujourd’hui lycée Berthollet), lycée de filles (1890 ?, aujourd’hui collège Raoul Blanchard), caserne des chasseurs alpins… L’implantation de tout ces équipements marquent l’extension urbaine « hors les murs » sans réel plan de composition d’ensemble. Néanmoins la construction des parcelles voisines s’accompagne de la création de voies nouvelles. L’une d’elle, la rue…, conserve la monumentalité de la composition en s’inscrivant dans l’axe du portail et du pavillon central.
Le plan en U encadre la carrière. La rigoureuse symétrie rappelle que s’il s’agit d’élevage, l’enjeu militaire n’est pas loin. Les bâtiments sont l’œuvre de Louis Ruphy, qui fait partie d’une longue lignée d’architectes du même nom (Camille, Eugène). Il est d’ailleurs assez difficile de restituer à chacun sa production, on leur doit de très nombreuses réalisations néo-classiques dans le département. Les matériaux (pierre blanche, brique, ardoise) et le style architectural positionnent délibérément les haras dans le registre des équipements publics de la fin du XIXe. Ainsi du nord au sud et de l’est à l’ouest du pays, dans un grand effort d’unification centralisatrice, les écoles, les mairies, les gares, les écluses, les douanes… s’affranchiront des particularismes régionaux pour mieux exprimer leur appartenance à un ensemble national. Le caractère exceptionnel du lieu ne tient donc pas à l’architecture mais plutôt à la permanence des fonctions initiales dans un contexte d’urbanisation rapide : Hommes et chevaux vivent donc sur le site. L’image de la fumière fumante les matins d’hiver alors que vous tentez de vous extraire du rond-point et de son inévitable bouchon vous ramène à des considérations sur notre vie citadine.
Extrait de la revue Nature & Patrimoine en Pays de Savoie, n°21, mars 2007.
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