Le retour du kilomètre comme " facteur limitant "
(Extrait de : Plans climat-énergie territoriaux : quelles interventions des collectivités locales ?
dans : "Infrastructures & Mobilité", hors-série n°4, janvier 2008)
Le projet de créer des plans climat-énergie locaux, quels que soient leur contenu futur et leurs modalités d’application, non encore arrêtés, revient à territorialiser les politiques de réduction des consommations d’énergie fossile et des émissions de gaz à effet de serre. Mais que sous-entend la territorialisation des émissions de GES ?
On a admis sans trop d’efforts, depuis déjà de nombreuses années et par paliers successifs, que les bâtiments pouvaient être plus ou moins et surtout moins consommateurs et émetteurs, et qu’un ensemble de techniques de mise en œuvre et de gestion, mais aussi un certain art de bâtir dans le sens du climat pouvait réduire grandement le "coût carbone" des constructions. On a compris aussi ce que les déplacements représentaient dans le coût carbone des activités humaines, mais pas encore complètement reconnu et encore moins admis ce que cela pouvait avoir pour conséquences sur les modalités de la mobilité des personnes et le transport des biens.
Plus encore, le lien entre les constructions et le coût carbone de la mobilité peine vraiment à s’imposer. C’est en ce sens que la territorialisation du coût carbone peut faire progresser la conscience de ce lien. Le relevé de conclusions du "Grenelle Environnement" fait état explicitement, dans le chapitre intitulé urbanisme et gouvernance territoriale, "d’études d’impact environnemental pour les nouvelles zones d’urbanisation, intégrant les transports induits" (souligné par nous). En effet, la localisation géographique des constructions abritant des fonctions diverses (logement, emploi, équipements et services, etc.) et les positions relatives de ces lieux-fonctions les uns par rapport aux autres sont à la source même des déplacements, notamment de leur longueur et, en fonction des densités, de leurs modalités de réalisation (marche à pied, vélo, transports collectifs, voiture particulière).
Francis Beaucire est agrégé de géographie, professeur à l'Université Paris1 Panthéon-Sorbonne, où il dirige le master urbanisme et aménagement, et à l'École nationale des Ponts et chaussées. Il est spécialisé dans les domaines de la planification territoriale, des transports et du développement durable dans le cadre géographique européen. Il dirige la revue Transports urbains, Mobilités, Réseaux, Territoires, Il est l’auteur de nombreux articles et ouvrages. Il est intervenu lors de notre assemblée générale 2008 à Présilly sur le thème “Ville compacte, ville diffuse et infrastructures de transport”.
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