Henry Jacques Le Même, architecte des "chalets du skieur", mais pas seulement... - Megève

Henry Jacques Le Même (1897-1997), installé à Megève à partir de 1925, se présente comme une figure majeure de l’architecture du XXe siècle en France ; notamment grâce à ses réalisations de "chalets du skieur" qui ont été pionnières dans l’architecture de villégiature des Alpes françaises, surtout à Megève. Mais l’architecte est aussi à l’origine de nombreux autres édifices construits en Haute-Savoie et dans toute la France. Son œuvre féconde de près de 900 projets, témoigne d’une activité de bâtisseur inlassable pendant
près de 60 ans d’exercice de sa profession.

Qui est Henry Jacques Le Même ? Quelle carrière a-t-il mené ?

Cet article aborde les trois grandes périodes qui ont marqué la production de l’architecte et qui permettent de mieux comprendre la diversité et la richesse de ses réalisations. Une architecture de qualité, aujourd’hui inquiétée par des transformations et destructions, qui mérite une attention particulière.

Premières commandes : tremplin d’une grande carrière

Henry Jacques Le Même est né à Nantes en 1897. Particulièrement doué pour le dessin, il fait ses études aux Beaux-arts à Nantes puis à Paris. Il obtient le premier prix du fameux concours Rougevin en 1923, lui permettant de se faire recruter par le maître des décorateurs ensembliers de l’époque : Emile Jacques Ruhlmann (1879-1933). Le Même se forme durant deux années à la création d’intérieurs raffinés, aux projets de décoration, à la conception de meubles soignés et à la menuiserie. De santé fragile, il fuit Paris pour s’installer à Megève en Haute-Savoie, au lendemain de Noël 1925. La baronne Noémie de Rothschild, qui a vu en Megève le lieu idéal pour créer une station sportive hivernale, commande au jeune architecte "une ferme de pays" pour lieu de résidence lors de ses séjours à Megève. Pour répondre à cette commande, Le Même n’emprunte aux fermes mégevannes que la forme et le volume. Il adapte la construction aux nouvelles pratiques de la villégiature en montagne et propose une architecture innovante, qu’il conçoit entre un regard porté sur une culture locale et une culture moderne. Pour cela, il utilise des matériaux simples et robustes, oriente le bâtiment au soleil et vers le grand paysage, conçoit des espaces rationnels et pratiques, et surtout, il intègre le raffinement et toute la science de l’aménagement intérieur pour créer un bâtiment élégant destiné à une dame habituée au très grand confort.
C’est avec cette réalisation que Le Même esquissera l’invention d’un nouvel habitat celui du "chalet du skieur". Encore aujourd’hui nous pouvons en reconnaître certains : toiture à double pente, soubassement en pierre du pays, enduit blanc en rez-de-chaussée, revêtement bois pour l’étage, menuiseries bois spécifiques à chaque chalet, volets colorés, importantes baies vitrées et fenêtres d’angle sont quelques unes des caractéristiques du style "Le Même", et qui ultérieurement a été largement reproduit.
Henry Jacques Le Même devient l’architecte incontournable pour les nouveaux villégiateurs de Megève, sa carrière est lancée. Ce projet sera le premier d’une longue série de plus de 250 "chalets du skieur".
A cette même époque, à l’âge de 29 ans seulement, Le Même se voit confier une commande d’une toute autre nature, celle du sanatorium de Plaine-Joux-Mont-Blanc qui devrait voir le jour au Plateau d’Assy à Passy. Étant donné l’ampleur du projet, il ne peut en assumer seul la conception et choisit de faire appel à son ami Pol Abraham.
Les deux architectes entreprennent un véritable travail de recherche pour produire une architecture compacte et fonctionnelle en adéquation avec les avancées médicales du traitement contre la tuberculose. La maquette du projet, qui est présentée au Salon des Artistes Décorateurs en 1928, suscite une grande admiration et apporte une notoriété internationale aux architectes. Finalement le projet est abandonné à cause des difficultés de financement entraînées par la crise de 1929.
À peine un an plus tard, Le Même et Abraham renouvellent leur collaboration et cette fois réalisent au Plateau d’Assy plusieurs sanatoriums. Les plus remarquables et aboutis sont ceux du Roc-des-Fiz, de Guébriant et de Martel de Janville. Ces deux derniers sont toujours visibles, bien qu’ils n’aient plus le même usage.

Extrait de la revue Nature & Patrimoine en Pays de Savoie, n°33, mars 2011.

Cliquez sur le bouton "télécharger" ci-dessous pour lire l'article dans son intégralité.

Vous pouvez également être intéressé(e) par...

© TOUS DROITS RÉSERVÉS CAUE74 | Crédits | Politique de confidentialité | by